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Semaine des droits humains 2022
Levrat Nicolas, Flückiger Yves, Poggia Mauro, Gomez Alfonso, Mabillard Boris, Seif Mona + 5 autres
2022-2023
conference
Les libertés d'expressions

Mot du président

Depuis 2013, la Semaine des droits humains de l’Université de Genève invite les membres de la Communauté universitaire à réfléchir sur un aspect spécifique des droits fondamentaux, lesquels constituent un des fondements des sociétés ouvertes dans lesquelles nous avons le privilège de vivre. Les droits fondamentaux sont cependant un enjeu quotidien, et aucune situation n’est définitivement acquise. C’est pourquoi chaque année il est nécessaire de remettre l’ouvrage sur le métier. Avec de nombreux partenaires, notamment une participation très active des associations étudiantes. Cette année, la semaine se focalisera sur l’un des fondements, souvent controversés, de nos démocraties : les libertés d’expressions. Le choix du pluriel entend souligner tant la diversité des moyens d’expression que la pluralité et la complexité des enjeux.


Notre époque, où les canaux de circulation de l’information et l’utilisation d’intelligences artificielles pour générer du contenu en ligne rendent la fonction même de la liberté d’expression à la fois plus centrale et plus fragile, renouvelle bien des termes du débat sur les limites à la liberté d’expression. La possible diffusion globale de la «une» d’un quotidien danois oblige-t-elle ses auteurs à mesurer leur liberté d’expression à l’aune de sensibilités autres que celles des lecteurs danois ? La diffusion délibérée de « fake news » doit-elle être protégée par la liberté d’expression ou peut-elle être limitée ? Est-ce que la réponse change selon que l’auteur de ces fake news est un groupe d’individus ou un gouvernement poursuivant une politique de désinformation ?

Dans ce contexte, le monde académique, et même notre propre université, est directement confronté à des défis nouveaux relatifs à la liberté de la recherche et à la liberté d’expression. Peut-on, dans le champ de la liberté académique, laisser parler de tout ? Ou y-a-t-il des limites qui sont imposés par des normes ou groupes sociaux ? La liberté du/de la chercheur-euse lui permet-elle de participer au débat public en tant que citoyen-ne, ou devons-nous exercer une retenue et ne pas nous engager dans le débat sur le changement climatique ou le sort réservé à certains groupes sociaux par nos sociétés ?

C’est à ces réflexions, à des débats et à des matérialisations de ces libertés d’expressions que sera consacrée la 10e édition de la Semaine des droits humains.

Professeur Nicolas Levrat,
Président de la Semaine des droits humains